Culture graphique

Portrait de Charles LOYER, community manager du magazine étapes:

Charles Loyer, Community Manager à étapes:

Quel community manager pour un magazine révélateur de tendances ?
Bloc Notes : Quels faits marquants l’année 2015 a-t-elle vu émerger selon vous, dans le vaste secteur du design graphique ?
Charles Loyer : Parler d’un fait marquant n’est pas forcement approprié, car compte-tenu du développement digital, le secteur du design graphique subit de nombreuses mutations difficilement synthétisables, en un ou plusieurs faits. On peut en revanche noter la multiplication en 2015 des appels d’offres non rémunérés de la part de commanditaires privés, comme publics (cf récemment les débats autour de la communication visuelle de la ville de Lyon) et évoquer la dévalorisation du travail des designers graphiques par les collectivités qui soumettent leur identité visuelle au choix des citoyens sur les réseaux sociaux (cf la polémique autour de la ville de Tours), ou encore l’apparition de nombreux sites de crowdsourcing1.
Tous ces évènements montrent que le secteur du design graphique change profondément. L’offre se propage sur Internet, au risque de contrevenir aux règles déontologiques soumises par l’AFD2. En réponse, je remarque que de nombreux graphistes jusqu’alors peu friands d’une présence 2.0, commencent à investir ces supports, à partager leurs travaux, leurs ambitions et leurs coups de gueule, pour faire entendre leur voix.
Quelles sont les tendances de demain ?
En ce moment, je pense qu’il y a deux tendances intéressantes et paradoxales à relever.  Tout d’abord, de nombreux graphistes commencent à s’intéresser à la création web ; les créatifs remarquent que leur savoir-faire, combiné aux compétences d’un développeur, est tout à fait « viable », exploitable, intéressante sur un écran et c’est pourquoi l’on voit apparaître de plus en plus de projets remarquables, en termes de publication digitale, de design d’application.
À l’inverse, grâce à la diffusion sur les réseaux sociaux, le DIY (Do It Yourself) et tout ce qui tourne autour de la création artisanale, revit bien. Le hand-lettering, la gravure ou les procédés d’impression traditionnels, connaissent aussi un vif succès. Les deux phénomènes ne sont d’ailleurs pas antinomiques, ainsi Oschon du Print Van est web designer pendant la semaine et sillonne Paris à bord de sa camionnette de sérigraphie durant le week-end.

La transformation digitale permet d’ouvrir de nouvelles perspectives, de repousser constamment les limites de la création visuelle.Charles Loyer

Selon vous, quel impact la transformation digitale a-t-elle sur le design ?
La transformation digitale permet d’ouvrir de nouvelles perspectives, de repousser constamment les limites de la création visuelle. Les connaissances du designer associées à la technicité et la facilité d’accès aux supports, engendrent forcément de nouvelles pratiques. Il a été important aussi de repenser les principes de base de la conception. Sur un écran, la mise en pages n’est pas la même, la composition typographique non plus. Au début, nous avons pu voir de nombreuses personnes jouer avec les effets (surcharge d’animations, ombrage…), maintenant, on revient à des choses plus simples. On cherche avant tout comment mettre en valeur à la fois le contenu, travailler sur l’ergonomie, et sur l’expérience utilisateur. La transformation digitale impose ces nouvelles réflexions, et à l’allure où les tendances et langage du web se développent, le filon est intarissable !
En tant que community manager pour un magazine révélateur de tendances, comment faites-vous votre sélection au regard de la profusion d’évènements, autrement dit, quels sont vos critères de choix ?
D’abord, il y a un choix objectif, lié à de grands évènements du graphisme que l’on ne peut ignorer. Il y a aussi une volonté de rebondir, quand on le peut, sur l’actualité, notamment en commentant des refontes visuelles de grandes entreprises ou de collectivités territoriales. Ensuite, il existe une part plus subjective, quand il s’agit d’aller chercher de nouveaux projets ou des concepts. En les partageant, je cherche à faire découvrir des tendances visuelles marquantes, à souligner des approches innovantes ou à éclairer une démarche créative originale.
Qu’a apporté la notion de community management à un magazine tel qu’étapes:
Le community management permet d’entretenir un lien constant avec nos lecteurs, de mieux les comprendre et de pouvoir anticiper leurs attentes.  Le travail sur le web nous plonge directement dans cet univers collaboratif en donnant la parole autant à des inconnus, qu’à des célébrités du graphisme. C’est un univers passionnant qui force à se remettre en question, à ne jamais rester campé sur ses positions et à toujours chercher à avancer au plus proche des évolutions du secteur.
[1] Crowdsourcing : littéralement « approvisionnement par la foule », utilisation de la créativité, de l’intelligence et du savoir-faire d’un grand nombre de personnes
[2] AFD : Agence Française du Design
Vers le site d’étapes:

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