Culture graphique

Le traitement des images : de l’art de bien choisir son visuel de démonstration !

Aperçu des images utilisées par les ingénieurs pour tester leurs algorithmes avec la première image ”photoshopée” de l’histoire et celle qui, en 1973, s’est imposée dans la communauté scientifique comme le parfait visuel de démonstration et de test : le portrait de Lena Sjööblom.

Le 19 février 1990 apparaissait sur le marché la première version publique de Photoshop. Nous n’allons pas ici vous faire l’affront de remonter tout l’historique des versions de Photoshop que vous trouverez , et , encore , et aussi . Vous connaissez l’histoire sans doute mieux que l’auteur de ces lignes pour qui la manipulation d’images consistait encore à du découpage et du barbouillage de papier crépon assis sur une table d’écolier.
Non, les 25 ans de Photoshop nous servent plutôt de prétexte pour vous présenter deux figures incontournables de la retouche d’image : Jennifer et Lena.

Jennifer, première femme « photoshopée » de l’histoire.

Jennifer Knoll — Premier visuel de démonstration de Photoshop

“Jennifer in Paradise” — John Knoll — 1987


Cette photo a été prise en 1987 sur une plage de Bora-Bora par John Knoll, jeune doctorant en informatique. Elle représente sa petite amie de l’époque, Jennifer, aujourd’hui sa femme, seins nus et faisant face à l’océan. Cette image aurait pu rester dans l’intimité du couple comme le souvenir d’un moment unique dans leur vie — John demanda la main de Jennifer quelques secondes après avoir pris ce cliché — si le destin de ses protagonistes ne nous était pas si familier.
John est en effet avec son frère Thomas le co-inventeur du logiciel Photoshop. Les deux frères travaillaient à l’époque sur la traduction en chiffres des données obtenues lors du scan d’une image tirée d’une pellicule. La possibilité de manipuler ces chiffres afin de produire une toute autre image ouvrait les voies de la retouche infinie que nous connaissons aujourd’hui.
La popularisation de ce logiciel a nécessité l’intervention de l’éditeur Adobe, qui l’a finalement rendu disponible en 1990, avec la version 1.0 de Photoshop. À cette époque, les images numérisées étaient très rares — de surcroît en couleurs — et la seule dont disposaient les frères Knoll était ce cliché, pris sur une plage paradisiaque. C’est donc cette image qui fut “Photoshopée” lors de la démonstration faite à Adobe.
Cette photographie de jeune femme aux seins nus face à l’océan symbolise l’évasion et la liberté que les créatifs du monde entier accordent aujourd’hui volontiers à Photoshop et possède un caractère publicitaire fort avant même l’utilisation systématique du logiciel par toutes les agences de publicité. C’est le hasard — ou presque — qui veut que cette image ait connu un tel destin.

Pas besoin de Photoshop pour travailler sur une image

Mais les ingénieurs qui imaginent les algorithmes dédiés au traitement de l’image n’ont pas attendu la mise sur le marché de Photoshop par la toute jeune société Adobe pour travailler sur les images.
En effet, une autre image numérisée représentant une femme en couleur était déjà bien connue de la communauté scientifique et ce, dès 1973, soit 17 ans avant la sortie de Photoshop. Il s’agit du portrait de Lena Sjööblom, qui servait de test aux algorithmes de compression d’image. On ignore pourquoi les frères Knoll ont choisi de ne pas utiliser cette image pour leur démonstration. Toujours est-il qu’elle était utilisée (et l’est toujours, voir cet article sur le Monde.fr) par les ingénieurs testant leurs travaux sur les images.

Lena Sjööblom — DR

Lena Sjööblom — DR


C’est à Alexander Sawchuk, alors professeur assistant de génie électrique à l’université de Californie, que nous devons ce portrait. Pour les besoins d’une conférence donnée par un de ses collègues, il était à la recherche d’un visuel de démonstration représentant un portrait humain, contrasté, et surtout loin des visuels classiques utilisés à l’époque et issus de la recherche télévisuelle.
Un exemplaire du PlayBoy de novembre 1972 se trouvait dans le bureau d’Alexander et l’idée LUI est venue de scanner le poster central du numéro. Le cadrage à l’épaule est dû au tambour du scanner utilisé qui avait une résolution de 100 lignes par pouces et a numérisé l’image à un format de 512 par 512. (source)

« Tout d’abord, cette image contient un mélange intéressant de détails, de régions uniformes, et de textures, ce qui permet de bien tester les différents algorithmes de traitement d’image. C’est une bonne image de test ! Ensuite, « Lenna » est l’image d’une femme attirante. Ce n’est pas une surprise que la communauté de la recherche dans le traitement d’image (principalement masculine) gravite autour d’une image qu’elle trouve attirante. »

David C. Munson, éditeur en chef lors des discussions de l’Institute of Electrical and Electronics Engineers sur le traitement d’image de janvier 1996.
Voici l’image originale publiée dans le cahier central de PlayBoy :

Lenna Sjööblom

Image originale de Lenna Sjööblom, telle qu’elle est parue dans un numéro PlayBoy de 1972 — DR


Cette image est devenue depuis un standard de test pour tous les labos de traitement d’images du monde entier.
Le magazine Playboy a envisagé un temps de porter plainte afin de faire valoir ses droits sur l’image en question, avant de faire exception et d’abandonner toute idée de poursuites, considérant cette utilisation comme un excellent outil publicitaire. Il faut dire que le numéro de Playboy d’où provient le portrait de “Lenna” est toujours la meilleure vente historique du magazine ! (plus de 7 millions d’exemplaires vendus…)
Ou comment savoir capter l’attention de son auditoire…
Et vous, quelle image utilisez-vous lors de vos présentation ?
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