Au détour des 35 416 communes qui constituent le territoire de la France métropolitaine, la cinéaste Agnès Varda et l’artiste JR vont à la rencontre de visages. La démarche est simple, salutaire : les deux artistes proposent aux habitants de les prendre en photo, puis de coller leurs portraits en grandes dimensions sur tout type de support. L’objectif : redonner vie à des villages presque abandonnés.
Ils sont deux. Elle, à 88 ans, n’a plus rien à prouver tant elle est une cinéaste reconnue, icône de la Nouvelle Vague, compère de Jean-Luc Godard et Jacques Demy, son défunt époux. Elle a l’art de sublimer les visages : Cléo dans le film éponyme, la pâleur juvénile de Sandrine Bonnaire dans Sans toit ni loi, et le visage si expressif de Yolande Moreau dans ce même long-métrage. Lui, artiste photographe, veut donner, rendre hommage. Il passe beaucoup de temps à bord de son camion-photomaton d’où sortent des tirages A0. Puis il colle, partout, en étudiant avec précision les supports qui mettront en valeur les sujets pris en photo.
Ce film relate une démarche artistique. Ce documentaire fait la démonstration qu’un entre soi des artistes existe, mais qu’il est très facile de le briser. Puis c’est un reportage sur une rencontre époustouflante. À la fin, nous ne pouvons qu’approuver l’évidence ; celle de la simplicité qui fait du bien.
C’est un film qui nous donne envie, à nous aussi, de partir, de vagabonder sur les routes sinueuses, de nous cogner sur les nids de poules, ou les dos d’ânes ; d’assumer des rencontres houleuses ou hasardeuses. On entend souvent des termes comme « France d’en bas » ou « les oubliés ». Et si c’était vrai ? On ne peut qu’être ému par Jeanine, la résistante de la rue des Corons bientôt démolie ; par les carillonneurs, ce type de métier en voie d’extinction qui continue pourtant d’émerveiller. Ce film parle de la la France avant tout.
Ces deux-là aiment regarder les gens. Ils aiment s’observer aussi, se chamailler. Leurs voix nous envoûtent, le ton est caustique, volontiers plaisantin. De villages en villages, sur fond de commentaires naïfs ; on se prend à leur jeu du chat et de la souris, pour une quête qui peut ne jamais se terminer. Car, à bien y regarder, on comprend très vite que cette aventure s’étend bien au delà de la simple durée d’un film.
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