Animation graphique

Interview de Kook Ewo, fondateur du projet Motion Plus Design

Kook Ewo, pouvez-vous nous présenter votre métier en quelques mots ? Comment vous définissez-vous ?
Je suis créateur de génériques de films, réalisateur, enseignant et fondateur du projet Motion Plus Design ! Mon principal métier reste de faire des génériques, ce qui consiste principalement à travailler avec des réalisateurs afin de concevoir, puis de produire une séquence d’introduction pour leur film.

 
Quel est votre parcours (formation, premiers projets..) ? Quel type de clients avez-vous ? Sur quels projets travaillez-vous principalement ?
Je suis autodidacte. Après mon BAC, je me suis lancé dans la création de sites Internet, puis dans la captation de pièces de théâtre pour finalement arriver au montage et au Motion Design ! J’ai aussi supervisé les « préviz » de plusieurs films de Christophe Gans et fait quelques piges de journaliste… un parcours assez varié ! Aujourd’hui mes clients sont le plus souvent des réalisateurs et/ou des producteurs de films, pour la plupart étrangers. Les films sur lesquels je travaille sont assez variés, du documentaire au film d’auteur en passant par quelques blockbusters ! Ces dernières semaines j’ai aussi commencé à travailler pour l’industrie du jeu vidéo.
On parle beaucoup du « processus créatif » aujourd’hui, comment appréhendez-vous la création ?
Je n’ai pas vraiment de méthode pour appréhender ce processus. Dans l’idéal, je dirais qu’il faut faire part de ses idées assez vite aux autres  pour avoir à les formuler, mais surtout pour les mettre à l’épreuve des critiques. Il ne faut pas avoir peur des suggestions. Ce sont d’ailleurs souvent les autres qui sèment, sans le savoir, des graines d’idées. Je le constate très souvent avec les étudiants qui travaillent sur un projet : leurs idées sont globalement plus intéressantes dans un groupe qui communique bien. Se nourrir d’autres média que ceux qui proposent trop de références directes me semble assez judicieux et permet aussi d’éviter les répétitions. Pour ce qui est de la création des génériques, c’est un processus particulier : il faut comprendre l’univers d’un réalisateur pour être en mesure ensuite de lui proposer une séquence cohérente. Ce processus « créatif » est donc avant tout affaire de sensibilité envers un univers préexistant. Il faut donc à la fois s’en nourrir pour le comprendre, répondre à la demande du réalisateur et amener sa propre sensibilité… C’est une drôle d’alchimie.
Quelle est la place des outils et notamment d’After Effets dans votre démarche ? Quels sont les champs d’application de cet outil ?  
Dans les génériques, on est souvent amené à utiliser beaucoup d’outils : on peut tourner des images, faire des photos, des illustrations, du stop-motion, de l’animation image par image, de la 3D ou et que sais-je encore. Tous les outils disponibles pour créer de l’image en mouvement sont à notre disposition aujourd’hui. Quant à After Effects, c’est l’outil qui permet de centraliser tous ces différents médias, et de jouer, de tester, de trafiquer n’importe quelle image pour en fabriquer d’autres. A ma connaissance, After Effects reste le logiciel d’animation le plus ouvert que je connaisse.
Portfolio - Kook Ewo
Aujourd’hui le paysage visuel est de plus en plus régi par le digital, le motion design est de plus en plus présent. Sentez-vous ce changement dans les projets sur lesquels vous travaillez ?
Oui, le Motion Design prend une place de plus en plus importante d’année en année. Je pense que c’est dû au foisonnement d’idées nouvelles qu’il engendre et à la diversité des artistes qui s’y intéressent. Tous les supports et média existant et en devenir, sont concernés : on peut aussi bien faire du Motion Design pour l’ouverture d’une application iPhone, que pour un film de cinéma, de télévision et, d’ores et déjà, dans le domaine de la réalité virtuelle. Les contraintes existent, mais elles sont largement surmontables pour la plupart : le développement très réactif des logiciels et plug-ins permet de se mettre rapidement à jour.
Parlez-nous de votre projet « Motion plus Design ». Comment l’idée a-t-elle germé ?  Où en est son développement ?
L’idée a germé en 2011 lorsqu’une amie (Paola Boileau) et moi sommes allés écouter une conférence sur le graphisme. Nous étions tous deux déçus que le Motion Design n’y soit même pas évoqué – alors qu’il était déjà en pleine explosion.  De là est partie l’idée de créer un centre d’exposition, ce qui reste encore aujourd’hui le projet à long terme. Puis, au moment d’écrire le projet, il m’a fallu donner une définition simple du motion design. Après moultes réflexions et simplification, j’ai donc écrit cette petite phrase : « Le Motion Design est l’art de donner vie au graphisme ». Mais cela n’était évidemment pas assez précis pour les néophytes. Il fallait des exemples. C’est de cette façon que j’ai eu l’idée de faire « Qu’est-ce-que le Motion Design? », petit film didactique faisant état des meilleures créations des artistes du moment. Le film a instantanément eu un succès mondial (il a été depuis traduit dans plus de 13 langues !).  Entre temps j’ai monté une petite équipe, et cela nous a donné envie de créer des événements autour du motion design. Les deux premiers, que nous avons organisés à Paris (à la Gaité Lyrique et à la Machine du Moulin Rouge), ont été de gros succès. Il y a une énorme attente sur le sujet. Nous essayons actuellement de le développer aussi dans d’autres pays.

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